En cheminant avec Hérodote by Jacques Lacarrière

Auteur:Jacques Lacarrière [Lacarrière, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: NiL éditions
Publié: 2014-03-14T16:00:00+00:00

Comment Amasis régna sur l’Égypte. Ses lois. Ses plaisirs. Ses amours. Ses offrandes.

Il y a en Égypte sept classes de citoyens : les prêtres, les guerriers, les bouviers, les porchers, les commerçants, les interprètes et les pilotes. Ces sept classes portent des noms en rapport avec la profession qu’elles exercent. Ainsi la classe des guerriers comprend les calasires et les hermotobyes. Ils sont répartis en différentes provinces ou nomes.

Les hermotobyes occupent les nomes de Busiris, Saïs, Chemnis, Paprémis, l’île de Prosopitis et la moitié de Natho. Au temps de leur splendeur, ils étaient environ cent soixante mille. Ils se consacrent uniquement aux armes et ne connaissent aucun métier manuel.

Les calasires occupent les provinces de Thèbes, Bubaste, Aphtis, Tanit, Mendès, Sébennytis, Arthribite, Pharbaïtis, Thmoreis, Onuphis, Anysis et Mycéphorite (en face de Bubaste). Au temps de leur splendeur, ils étaient deux cent cinquante mille. Eux aussi ne connaissent que le métier des armes. Sans doute est-ce, là encore, une façon de voir que les Grecs ont prise aux Égyptiens ? On ne saurait l’affirmer avec certitude, car les Thraces, les Scythes, les Perses, les Lydiens, et en général tous les peuples barbares ont un respect particulier pour le métier des armes et un dédain correspondant pour les métiers manuels. Toujours est-il que les Grecs, et particulièrement les Lacédémoniens, ont adopté cette mentalité. Les Corinthiens sont à peu près les seuls à n’avoir aucun mépris pour les artisans.

Les guerriers jouissaient en Égypte, comme les prêtres, de privilèges spéciaux. Chacun d’eux avait droit à douze aroures de terre (l’aroure équivaut à cent coudées carrées). Ce privilège était accordé à tous indistinctement, mais d’autres l’étaient, à tour de rôle, pour certains guerriers : chaque année, par exemple, on choisissait mille calasires et mille hermotobyes pour la garde royale. Les gardes royaux, en plus de leurs aroures, touchaient chaque jour cinq mines de blé grillé, deux mines de bœuf, l’équivalent d’un litre de vin.

Donc, Apriès et ses auxiliaires d’un côté, Amasis et ses Égyptiens de l’autre, se rencontrèrent à Momemphis, et la bataille s’engagea. Les auxiliaires firent tout ce qu’ils purent, mais, comme ils étaient très peu nombreux, ils eurent finalement le dessous. Et Apriès, qui croyait son trône si solide que même un dieu, disait-il fréquemment, ne pourrait l’ébranler, se retrouva vaincu, prisonnier, et emmené à Saïs dans son ancien palais devenu à présent la résidence d’Amasis ! Il y resta assez longtemps, bien nourri, bien traité par le nouveau roi. Puis, finalement, les Égyptiens perdirent patience, reprochèrent véhémentement à Amasis de nourrir son propre ennemi — et le leur — dans son palais, et Amasis le leur livra. Les Égyptiens étranglèrent Apriès et l’ensevelirent dans le caveau familial, à l’intérieur du sanctuaire de Minerve, près du temple, à gauche en entrant. Tous les rois de Saïs furent toujours ensevelis dans ce sanctuaire. Le tombeau d’Amasis se trouve un peu plus loin du temple, mais il est tout de même dans la cour intérieure. C’est un portique en pierre, très grand, décoré de colonnades imitant des palmiers, au fond duquel une porte à deux battants donne dans la chambre funéraire.

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